"Coming out"
A travers ce message, je vais peut être en étonner plus d'un, en choquer d'autres, mais comme me le répètent les gens autour de moi, je ne devrais pas avoir peur de m'exprimer, ni même avoir peur du regard des autres (ce dont j'ai du mal).
Je ne sais pas trop par où commencer... J'ai intitulé ce message "Coming out" tout simplement parce que j'ai besoin d'extérioriser tout ce qui me pèse, tout ce qui fait que je ne vis pas normalement, sinon dans le mensonge; mensoge envers les autres mais surtout envers moi même. Ce qui me pèse et dont je vais vous parler, je le porte en moi depuis des années. Cela remonte au collège et depuis ce moment là, n'a jamais quitté ma vie, mon corps, mon esprit.
Depuis toute petite, j'ai toujours été boulotte et combien de fois en maternelle ou en primaire ai-je essuyé les remarques désobligeantes des camarades de classe, remarques du genre "t'es trop moche", "bigleuse", "grosse vache", et j'en passe. Quand un enfant s'entend dire ça à longueur de temps, et bien il finit par le penser, et c'est ce que j'ai fait. Depuis toute petite, je me suis mis dans la tête que j'étais moche et grosse et j'en passe.Ces méchancetés, ces choses dites parfois même par ma propre famille ("et ben dis donc, on mange bien à la cantine!), et bien ça marque. Oh que oui ça marque...
Avoir confiance en moi? Je n'ai jamais connu ce sentiment, jamais. Je me souviens d'un jour, ma mère m'avait envoyé acheter des cigarettes et je ne voulais pas y aller toute seule. Ce jour la je me suis entendue dire que j'étais godiche. Non, je n'étais pas godiche, j'essayais d'éviter au maximun le regard des autres, parce que j'étais "grosse" et "moche".
Et pour combler ces angoisses, je mangeais. je me rappelle très bien rentrer chez mon papi en sortant du collège, et y rester jusqu'à ce que ma maman débauche, en général tard. Quand j'arrivais chez mon papi, le goûter m'attendait. J'ai encore en mémoire la marque des gateaux que mon papi achetait. Ce n'était pas "un" gâteau que je mangeais, mais quatre voire cinq et tout ça arrosé d'un bon demi litre de coca, chaque jour. A cette époque là, on me disait gourmande.
Et puis un jour, ce besoin de me remplir, pensant noyer dans mon estomac mes angoisses et mon resentiment s'est accru. Dès lors, chaque jour, en sortant de l'école, je m'arretais au supermarché qui se trouvait sur mon chemin, acheter toutes sortes de cochonneries, que je mangeais sur la route. Je me débarrassais ensuite des papiers. Je crois que c'est à partir de ce moment là que le tourbillon s'est mis en route.
Cette periode, celle du collège, je l'ai très mal vécue, ronde et mal dans ma peau, je me renfermais sur moi même. Je n'avais pas vraiment d'amis, peut être quelques copines, mais une vrai amie, comme j'en ai une aujourd'hui, non, et je ne parle pas des petits copains... La période collège et lycée fut un enfer pour moi. Je me rappelle que mes parents m'avaient offert un scooter pour mon brevet des collèges. Et lorsque je l'ai eu, je me suis mise à pleurer, je n'en voulais pas et mes parents l'ont très mal pris. Mais si je n'en voulais pas, c'est tout simplement parce qu'au lycée, je rasais les murs, je fuyais le contact avec les autres, avec la foule. Chaque fois que j'arrivais au lycee entre midi et deux, il y avait toujours du monde qui attendait à la grille, idem pour le matin. Moi, je restais à l'écart, attandant que la grille s'ouvre. Avec un scooter, lorsque tu arrives au lycée, tout le monde te regarde, insupportable pour moi. Refuser de prendre le bus non plus, n'était pas un caprice, c'est juste que c'était plein de colégiens et lycéens, et donc des dizaines de paires d'yeux braqués sur moi.
J'ai toujours été mal dans ma peau et faute de trouver du réconfort autrepart, je l'ai trouvé dans la nourriture, une fois encore. Pour calmer ces angoisses et ce mal être, je mangeais et mangeais et mangeais. Combien de fois ma mère à pu me reprocher d'avoir vidé les paquets de gateaux du placard, ou les mousses au chocolat dans le frigo. Malheureusement, elle n'a jamais creusé plus loin; pour elle, s'était tout simplement de la goinfrerie. Et bien non, c'était juste moi, essayant d'appaiser mes angoisses. Angoisses qui persistent encore aujourd'hui, trop même.
Durant mon séjour au Etats Unis, cela s'est empiré. Comme tout le monde le sait, les US, c'est un peu le pays des gros; et par chance, la petite boulotte en France était considérée comme normale là-bas. Alors pourquoi se priver de toutes ces bonnes choses que t'offre la terre de l'oncle Sam? Hein, pourquoi? J'en ai alors profité, fast foods, glaces, dognuts, et j'en passe. Seulement, au retour, les kilos se sont affichés sur la balance, me laissant encore plus désespérée que j'amais.
Et là, j'ai décidé que je devais controler mon poids. Seulement ce besoin de me remplir (ne nous voilons pas la face: ces crises de boulimie) était toujours d'actualité. Alors pourquoi ne pas essayer de manger mais tout en perdant du poids. C'est en regardant un reportage sur les désordres alimentaires que m'est venue l'idée de "me purger" après chaque prise. Et voilà, c'était parti.
Ma prmière année de fac, je ne sortais pas, mis a part mes têtes à tête avec Karine. Le reste de temps, je restais cloitrée chéz moi à manger et me purger après. A la fin de ma première année de fac, j'ai comme qui dirait "pété un cable", je n'en pouvait plus. il fallait qu'on m'aide, j'étais fatiguée de cette vie sans but, mis à part le goinfrage quotidien que je m'infligeais. A la fin de ma première année de fac, j'ai été hospitalisée dans une clinique, maison de repos. Malheureusement, je ne pourrait pas vous en dire plus de ce côté là, car bizrrement, de cette période, je ne garde aucun souvenir. Il semble que j'ai tout occulté: mes lectures (j'ai passé tout mon été à lire mais je ne me souviens de rien), mes séances avec le psy. Un psy vous dira certainement que le fait d'avoir tout occulté a un sens. Je ne sais pas trop en fait.
Au cours de ces deux mois d'hospitalisation, j'ai perdu pas mal de poids, j'ai découvert une autre facette de ma personnalité, une facette plus gaie, plus extravagante, à tel point que j'ai cru en être guerrie. Oh que non, à peine sortie de la clinique, me voyant avec un corps mince, je me suis dit, à tord, "tu es mince", tu peux donc te premettre de manger ce que tu veux. Oui, je me permettais ce que je voulais, mais hors de quetion de reprendre du poids, alors je ne vous fait pas un dessin. Après chaque crise: les toilettes.
Jusqu'au jour d'aujourd'hui et aujourd'hui encore, ce n'est pas moi qui gouvernait ma vie, mais la nourriture. Cette nourriture qui me hante depuis des années, et dont je souhaite aujourd'hui désespérement me débarrasser. Rien n'est facile mais vivre dans le mensonge comme je l'ai fait depuis des années, ça je ne peux plus. C'est pour ça que je vous écris ceci, parce que je veux que vous sachiez que lorsque je dis que je suis grosse, ce n'est pas pour m'entendre dire :"mais non, quelle bêtise!", je le pense sincèrement.
Ici, au chili, le mal du pays et le fait que ma famille me manque a fait que les choses ce sont empirées, au point que je fasse quelque choses que jamais je n'aurais imaginé faire; j'ai tout raconté à karine. Elle ne soupçonnait rien de tout cela. Le fait de lui avoir parlé m'a énormément aidé, au point que je suis allée chercher de l'aide auprès d'un psychiatre ici, le doctor Castillo, qui après Karine, est la personne que je fréquente le plus. Le docteur est très inquièt pour moi, au point d'envisager de me faire rapatrier. Et comme il est hors de question que je n'aie pas ma licence, je lui ai dit que ça devrait attendre la fin du mois, après la fin des cours. Il m'a mise en garde contre les effets des vomissement et s'est montré en faveur d'une hospitalisation ici, au Chili. Mais comme je n'en ai pas les moyen et comme surtout j'aigrave la trouille de me faire hospitaliser dans un pays qui n'est pas le mien, il m'a proposé un petite cure de sommeil, histoire de me reposer un maximum, et ne plus penser à la nourriture.
Là, je suis en train de vous écrire alors que je devais être au lit; a vrai dire, ces cachets ne me font aucun effet, mis à part que je fais enfin de bonnes nuits complètes. je vais retourner le voir cet après midi, pour qu'il me donne autre chose. Car quitte à rester enfermée à la maison avec un certifica médical, je prefèrerais dormir plutôt que de tourner en rond, angoissée à l'idée de savoir que je n'ai rien à manger à la maison.
A travers ce message, qui à mon avis, sera lu par les membres de ma famille, mais aussi par d'autres personnes, j'espère que vous me comprendrez enfin et ne me jugerez pas; parce que ce que les gens pensent de moi compte beaucoup pour moi. C'est malheureux à dire, mais la nourriture et l'opinion des gens est ce qui compte le plus pour moi.
Le psychiatre ici m'a d'ailleurs dit que ça faisait 22 ans que je vivais pour les autres, à travers le regard des autres et non pour moi. Il a aussi ajouté que tant que je ne serais pas capable de m'accepter telle que je suis, je ne serais jamais heureuse, jamais en paix avec moi même.
A mon retour de Valparaiso, début juillet, j'envisage serieusement une nouvelle hospitalisation, d'au moins deux mois, histoire d'essayer de me libérer de mes démons, de cette nourriture qui me hante... nourriture qui selon le docteur Castillo, n'est qu'un sympôme à un mal beaucoup plus profond, beaucoup plus lointain, qui remonterait à l'enfance. Selon lui, ce n'est qu'à travers une longue psychothérapie que je réussirai à me débarrasser de ce mal être de ce sentiment de ne rien valoir, de n'être bonne qu'à me goinfrer.
Je crois que le fait d'écrire ces mots est pour moi une sorte d'exutoire, qui sans m'en rendre compte me soulage. Savoir qu'enfin les gens sauront par quoi je passe. Et je vous en prie, papi, papa, mamie, maman et les autres, ne me jugez pas. J'ai besoin de votre soutien, de vos encouragements. Papa, je sais ce que tu pense de cette hospitalisation, mais avais tu la moindre idée de ce par quoi je passe depuis des années? J'espère qu'à travers ce message tu réussiras à me comprendre. Acceptez moi comme je suis, même si moi même je ne le conçois pas.
Merci d'avoir lu ces "longs aveux". Je me sens desormais un peu plus légère, peu être le fait de m'être confiée, même si c'est à travers ce blog. Ce qui serait encore plus génial, ce serait que vous me laissiez un petit commentaire. Que pensez vous de ma démarche? J'ai vraiment besoin de votre soutien et de vos encouragement.
Je vous aime.